Alpine GTA « USA »

California dreamin

Renault et le marché américain, c'est une longue série d'espoirs et de désillusions. Une espèce de "je t'aime moi non plus" trop souvent répétée, alors que le rêve californien semblait accessible. Alpine a aussi vécu ce cauchemar économique.

Texte Jean-Luc Fournier, photos Vincent Lyky

La GTA - un nom de baptême qui n'évoque pas grand-chose (sauf pour les Alfistes…) - est née en 1984 avec un moteur V6 atmosphérique rapidement épaulée par un modèle à moteur V6 turbocompressé. Portant les couleurs de Renault, cette Alpine est destinée à satisfaire le plus grand nombre d'acheteurs en Europe. Mais le service marketing de Renault estime qu'elle peut aussi viser le marché américain via sa filiale AMC (American Motors Corporation). Le challenge est important car, en cas de réussite, les volumes de ventes Outre-Atlantique seront au moins aussi importants que ceux espérés en Europe. Ce serait un double bénéfice : plus de volume donc baisse du coût unitaire de production et augmentation de l'image pour toute la gamme Renault sans omettre que ce succès permettrait, peut-être, à la marque créée par Jean Rédélé – désormais écarté du Groupe – de venir chatouiller l'éternel rival inaccessible, Porsche, sur ses terres européennes et à l'export. Pour certains dirigeants du Losange, la pérennité même d'Alpine passe par le succès américain. Les plus extrémistes parlent même d'un quitte ou double pour évoquer l'avenir des voitures dieppoises. Les services marketing présentent donc leurs calculs : le marché européen peut absorber environ huit GTA par jour alors que le marché yankee en réclamerait dix de plus ! Une aubaine à saisir !

Une GTA Turbo aux performances... atmosphériques

Dès lors, tout le monde à Dieppe est sur le pont dans les locaux du Berex pour "américaniser" la normande même si elle doit y perdre une partie de son âme et en particulier une part de sa sportivité, puisque le client conducteur américain n'a pas les mêmes exigences de conduite que son alter ego pilote européen. On sait que les normes américaines sont drastiques et souvent pénalisantes...

Mille Miles Magazine numéro 149